Un autre voyage a commencé. Un voyage plus dense où le cœur bat plus fort ; car sur les rives de ce Proche-Orient que nous atteignons à présent, l’histoire des hommes a tissé une toile si complexe qu’on ne peut tenter de la saisir sans une attention de tous les instants. Aussi, c’est avec une grande humilité que nous avons écouté les chants qui montent, en arabe, en hébreu, de cette terre intense. Des chants qui s’entremêlent –et parfois s’entrechoquent- à l’infini.

C’est du Mont Carmel près d’Haïfa, où des pentes boisées conduisent à des villages druzes, que nous sont parvenus les premiers échos de cette complexité. A St Jean d’Acre (Akko), le souk de l’ancien port croisé nous a ouvert les portes de l’Orient. En Galilée, quand chaque lieu témoignait d’un monde chrétien où résonnaient les pas de Jésus, c’est Nazareth, ville arabe, qui nous attendait. Les collines de Samarie, elles, murmuraient " Palestine ", et en leur cœur, Naplouse nous fit connaître la Générosité.

Le port d'Akko (St. Jean d'Acre)

 Jérusalem : le Mur des Lamentations,

lieu de prière pour les juifs.

Enfin, il y eut Jérusalem ; Jérusalem dont la vieille ville, au dedans des remparts de Saliman le Magnifique, symbolise à elle seule toutes ces frontières invisibles et tenaces que nous auront effleurées.

Là, Chrétiens, Musulmans, Juifs et Arméniens ont leur vie, leurs quartiers, leurs traditions. Se parlent-ils ? S’écoutent-ils ? Le peuvent-ils seulement quand des armes se plaisent à vous faire décliner, à chaque pas arabe, votre identité ?

Poutant, au long de la Via Dolorosa, au pied du mur occidental comme sur les toits de Saint-Sépulcre, du Mont des oliviers à la grande Esplanade des Mosquées, un même battement se fait entendre –depuis trois millénaires : Shalom, Salam. Shalom, Salam… Paix !

Sur le cahier de bord:

 

L'itinéraire :

Il ne fut pas aisé à mettre au point, car il fallait conjuguer plusieurs paramètres : trafic routier, lieux d'hébergement, rapports Israéliens / Palestiniens… Haïfa (Mont Carmel), Akko, Nazareth, Tibérias (Tour du lac), Beit Sh’an, Jenin, Nablus, Jérusalem.

 

Les étapes : 2141 kms au compteur. Etapes d'environ 50 kms (max : 68 kms). 5 jours à Jérusalem.

 

La météo : temps exceptionnellement beau. Chaleur (jusqu'à 30°C). Pas un jour de pluie, ce qui, à l'échelon national, commence à poser un réel problème.

 

Le matériel : 3 crevaisons pour Karl… (épine, verre, punaise)

Changement du réchaud à gaz.

 

Le physique et le moral : indéniablement, nous avons gagné en endurance ; les étapes supérieures à 50 kms "passent" maintenant sans problème.

 

L'hébergement : Très peu de camping. Nous avons souvent logé dans des hôtelleries chrétiennes : couvent des soeurs de Nazareth, hospice anglican au Mont Carmel et luthérien à Jérusalem...

 

Côté finances :

Monnaie : le Nouveau Shekel (NIS). 1 NIS = 1,50 FF.

Prix minimal pour 2 lits en dortoir : 60 NIS.

Le couvent des soeurs

de Nazareth.

Véronique a eu 25 ans...

le 30 novembre!

Une image forte :

 

Jeudi 3 décembre. La route Naplouse-Jérusalem serpente paisiblement entre les collines de Samarie. Mais sur les lignes de crête, des habitations se font face : villages palestiniens d’un côté, colonies juives de l’autre…

Drôle d’étape : ce même jour, nous avons débuté l’étape escortés, contre notre gré, sur 5 kilomètres, par une jeep de l’armée israélienne… et c’est dans le camion de Djedad, un Palestinien, que nous ferons les 20 derniers kilomètres… histoire d’arriver en forme à Jérusalem. Choukran !

 

Une aide précieuse : merci aux membres de l’assosiation Cyclo-Camping International (et en particulier à F. Ferchaux) pour les fiches qu’ils ont constituées sur les pays qu’ils ont traversés à vélo.

(Consulter la page Remerciements de ce site).

 

Un musée sur le Net : Le musée d’Israël à Jérusalem. (Consulter la page Liens vers d'autres sites).

Dans ce musée que nous avons visité, un sanctuaire du livre présente les fameux manuscrits de la Mer Morte, retrouvés à Qumran en 1947.

A Jérusalem, le Saint Sépulcre abrite six communautés religieuses différentes.

 

Jérusalem :

le Mur des Lamentations,

lieu de prière pour les juifs.

Les rues animées de Naplouse.

Chronique :

Confessions d’un chercheur solitaire

Les psychiatres l’appellent " syndrôme  de Jérusalem ". Il toucherait une centaine de personnes par an : simples touristes ou pèlerins, ils ont été " illuminés " par leur rencontre mystique avec la ville, et les voilà déambulant dans les lieux saints, le plus souvent drapés de blanc et proclament un message divin…¤

Sans atteindre ces extrêmes, la ferveur avec laquelle les fidèles de chaque communauté religieuse célèbrent leur culte est réellement impressionnante.. Le vendredi, entrés dans la vieille ville par la Porte de Damas ou par la Porte des Lions, les Musulmans envahissent l’esplanade des Mosquées.

Le samedi, jour du Shabbath, les juifs –costume noir et chemise blanche, toque ou chapeau pour les hommes- se pressent au pied du Mur des Lamentations. Dimanche verra se réunir les Chrétiens au Saint Sépulcre, lieu vénéré du tombeau du Christ.

De Jérusalem monte alors une immense prière. Une prière d’amour, assurément, où le Prochain est comme un frère… Religion : éthymologiquement, le mot vient, je crois, du latin " religare " (relier).

L’astrophysicien Hubert Reeves parle ainsi de l’homme, comme d’ " un animal qui cherche à se relier ". Se relier au Cosmos ; se relier à Dieu. Mais, comme aimait à le dire Jacques Brel : " …pour moi, Dieu, ce sont les hommes… et un jour, ils sauront ". Alors oui, vraiment, Grand Jacques, ce jour-là " les soldats seront troubadours… " et les hommes, enfin, " vivront d’amour "…

 

Jérusalem : le Dôme du Rocher, lieu saint de l'Islam sur l'esplanade des Mosquées

¤ Source : Guide Arthaud " Israël, Cisjordanie, Gaza ". 97/98.

 

Mirva, une Palestinienne

rencontrée au

Centre Culturel Français de Naplouse.

Impression

 

" Ne prenez surtout pas cette route; c'est très dangereux, on vous jette des pierres ; vous allez vous faire voler vos vélo… "

 

Après que ces paroles, appuyées par les conseils des livres touristiques, nous aient mis plein de toiles d'araignées dans la tête, nous avons longuement hésité à rejoindre Jérusalem en passant par Jenin, Naplouse et Ramallah ! la rencontre avec une soeur de Nazareth nous a mis alors sur la bonne voie...

Le mardi 1 décembre, nous avons franchi le check-point palestinien avec un mélange d'appréhension et d’excitation. Les militaires nous ont offert des gâteaux en guise de bienvenue en Palestine. C'est ainsi que nous nous sommes rendu compte qu'à

la place de visiter un pays, nous en visitions deux.

 

Sur cette route, nous ne nous sommes jamais sentis en danger.

Bien au contraire, les gens nous faisaient des saluts amicaux, nous criaient "Welcome" ; ils nous ont offert des fruits et même un café… Ils étaient contents que nous soyons venus jusqu’à eux.

Découvrir un pays sans idée préconçues, juste avec son sourire, tout en gardant sa place de voyageur, et les portes peuvent s’ouvrir…