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Carnet 7 :

22 oct. - 6 nov. 1998 : Les Cyclades...

Dans la solitude blanche et bleue des îles sous le vent.
Eole aurait-il quitté ses demeures italiennes pour s'établir dans les Cyclades ? Ses vents, en tout cas, nous attendaient dans les trois îles - Paros, Naxos et Santorin - que nous avons parcourues. Des vents qui jouèrent avec nous pour le meilleur, nous offrirent des bouquets de ciels sans pareils, mais qui nous firent également vivre des moments plus difficiles lorsque, soufflant à pleins poumons, ils nous retinrent sous des ciels gris et bas, chargés de pluie.
De ses îles sous le vent, nous garderons trois images distinctes. Ainsi , à Paros, la discrète, les silences d'octobre nous ont vus déambuler seuls dans des villages de maisons blanches aux volets bleus en des instants d'étrange et stimulant cheminement avec soi-même, seulement distraits par la compagnie des chats-gardiens alanguis des ruelles de marbre. Naxos, elle aura été pour nous île des contrastes, alternant jours sombres et plein soleil, efforts sur le vélo et farniente le long des quais.
 
 
Les Cyclades en blanc et bleu
(Naoussa, Paros).
Quant à Santorin, l'île-volcan, ses paysages fantastiques nous ont fait voyager avec bonheur vers les rivages engloutis de la mythique Atlantide.Un beau cadeau d'adieu de la Grèce, au terme de ces deux premiers mois passés en Méditerranée.
 
 
 
Les falaises de Santorin, l'île-volcan, un régal pour les géologues en herbe.
  Sur le cahier de bord :

Le trajet : Départ du port du Pirée le 22 octobre ; trois jours à Paros, quatre à Naxos et trois à Santorin d'où nous gagnons Chypre, via Rhodes (escale de deux jours) le 7 novembre.

Les distances : 1364 km au compteur. Etapes courtes de 20 à 30 km, adaptées à la taille des îles. Cinq trajets en bateau (48 h en mer, au total) entre Athènes et Limassol.

La météo : 22 à 25° C. Quelques jours de pluie à Naxos, mais très beau temps à Santorin. Le 28 octobre à 700m d'altitude, par un vent très violent et une température de 15° C, nous avons sorti les gants...

Le matériel : rien de superflu dans nos sacoches. Seul regret, ne pas avoir de pile rechargeables pour nos lampes. 3e crevaison.

Le physique et le moral : Les courriers que nous commençons à recevoir via notre boîte à lettres " itinérante " nous encouragent et nous donnent une grande force. Merci à tous.

La vie au quotidien :
 
Longues sont les nuits de camping : elles débutent au soleil couchant, dès 18 heures, pour prendre fin plus
de 12 heures plus tard. N’en déduisez pas pour autant que nous dormons énormément ; nous nous réveillons fréquemment et le sommeil fait souvent place à la somnolence… ou aux rêves éveillés !
 
 
La porte d'Apollon à l'entrée
du port de Naxos.

Le village de Pirgos (Santorin).

 
Camping peu ordinaire sur les hauteurs de Santorin,
face au centre du volcan.
     
(brèves) rencontres :

S’il y a énormément de chats en Grèce, il y a aussi quelques chiens, pour la plupart sympathiques et "décontractés". Certains font parfois un bout de chemin avec nous. A Santorin, l’un d’entre eux nous a accompagnés sur plus de 10 kms. Etait-il descendant d'Argos, le chien d’Ulysse ?

Rooms to let ! Que ce soit à minuit à Paros, 13h à Naxos, ou 17h à Santorin, ils sont là, guettant la seconde où vous aurez posé le pied (où la roue !) sur leur île pour vous vanter, photos à l’appui, les chambres qu’ils ont à vous proposer – au meilleur prix, bien sûr. N’hésitant pas à vous suivre à mobylette si, d’aventure, vous prenez la route… Vous voilà agacé ? Pour un peu, vous … Stop ! Et si l’on essayait de mettre cet agacement en questions ? Tout d’abord, dans ce jeu d’interrelations, difficile de savoir qui peut se permettre de jeter la première pierre : l’offre, même surabondante en cette fin Octobre, ne répond-elle pas à une demande des touristes eux-mêmes, chaque année plus nombreux ? Aux habitants de l’île, la question se pose alors en termes de plan de développement, de régulation, de préservation de l’environnement, etc…

 
 
Pas d'école pour Flora et ses copains de Koronos en ce 28 octobre,
jour férié commémorant le refus à l'ultimatum italien de 1940.
Nouvelle rencontre, à Naxos, avec Michèle la Canadienne, déjà croisée
sur les routes du Péloponnèse.
  D’autre part, notre libre arbitre n’est-il pas resté entier à chaque instant ? N’avons-nous pas choisi en toute connaissance ces destinations ? Nul n’ignore en effet que Paros, Naxos et Santorin sont trois îles particulièrement touristiques.

Pourtant, l’essentiel je crois, est ailleurs : il s’agit de "réaliser", parce qu’on le vit et pas seulement parce qu’on le pense que ce n’est pas ce que l’on fait qui compte, mais la façon dont on le fait. Ainsi Mike et Anna, chez qui nous avons successivement logé, nous ont apporté par leur manière d’être et les attentions qu’ils ont eues, bien plus qu’une simple chambre : un lien s’est crée.

Etre voyageur - en Méditerranée ou dans la vie - signifierait peut-être alors chercher à développer cette qualité d’attention qui permet de dire pleinement "oui" ou pleinement "non" à la réalité qui s’offre à nous, à chaque instant, dans la multiplicité des chemins possibles.

Impressions :
 
C’est dans la matinée du mercredi 28 octobre que nous nous arrêtons à l’entrée du village de Koronos ( île de Naxos ) pour y acheter du pain.
Ce village étant à flanc de montagne, on ne peut y accéder que par des escaliers. Laissant Karl avec les vélos, je commence à déambuler dans ce labyrinthe de ruelles étroites. Ne voyant rien qui ressemble à une boulangerie, j’interroge une passante. Aujourd’hui, il n’y a pas de pain, c’est un jour férié ! Que faire ? C’est alors que la bonne volonté du village se met en quatre pour m’aider. Des deux passantes qui expliquent ma situation au cafetier, à celui-ci qui téléphone à la boulangère, qui elle, guettera mon arrivée devant sa maison…
 
J’ai été très touchée par la gentillesse que m’ont témoignée ces personnes alors que mes quelques mots de Grec ne facilitaient pas les échanges.
 
Efcharisto Poli !
 
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Un chemin de silence
(Marpissa, Paros).