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Carnet 6 :

19 Octobre 1998 : D'Argolide en Attique, objectif Athènes.

Rude apprentissage pour les cyclo-campeurs !
Pluie, fatigue, mauvais choix de routes et succession de campings fermes comptèrent en effet au nombre de nos rencontres de la semaine... Autant de raisons pour nous de rallier sans tarder la capitale Grecque, implorant Athéna de nous placer sous sa protection.
Une question demeurait : comment, après six semaines passées en pleine nature, allions-nous vivre ces quelques jours dans la démesure d’une cité qui rassemble le tiers de la population Grecque ?
C’est sûr, une nouvelle rencontre nous attendait ; un voyage... au cœur de la ville.
Athènes, mardi 20 octobre, 10 h du matin
Nauplie, une ville toute en couleur
Sur le cahier de bord
 
Le trajet : Nauplie - Palea Epidavros - Archea Epidavros - Nea Epidavros - Almiri - Megara - Athènes
Les distances : 1120 Kms au compteur, étapes de 40 à 50 Kms (une étape de 79 Kms).
La météo : Pluie du 13 au 15 Octobre. Beau temps à Athènes. Température de 23 à 26 C.
Le matériel : rien à signaler.
Le physique et le moral : Fatigue relative. Hormis la difficulté des étapes de montagne, nous nous demandons si notre alimentation n’est pas trop pauvre en protéines, protéines que nous ne trouvons en effet que dans le salami le midi et le thon et les œufs le soir. Coté glucides, tout va bien (repas du soir, au choix: pâtes, pâtes, riz, œufs ou pâtes ). Nous mangeons beaucoup de produits lactés et des fruits.
Anecdote :
 
Les parapluies d’Epidaure, tragi-comédie en trois actes.
Au 1er acte, le 12 octobre, le "drame" se noue alors que, contre toute logique, nous choisissons de rejoindre Epidaure par un itinéraire beaucoup plus long et difficile que celui offert par la route principale. Durant la nuit suivante, l’orage gronde, annonçant le deuxième acte, qui, lui, scellera le "sort funeste" de nos vélos, pétrifiés par la boue. En ce matin du 13, nous leur ferons en effet traverser , toutes sacoches chargées, le champ de terre meuble, détrempé par la pluie, ou nous avions dormi... Un entracte d’une journée de nettoyage s’ensuivra.
Au 3e acte, le matin du 14 octobre, un rideau - de pluie - tombe sur deux cyclo-campeurs fatigués mais endurcis. Enfin, trois jours après notre départ, nous atteignons Epidaure, qui sera le théâtre d’un épilogue finalement heureux : la pluie ayant dispersé les touristes, c’est sur un site offert au silence que nous parvenons, goûtant doublement le bonheur d’une éclaircie... dont nous nous souviendrons !
Le théâtre d'Epidaure, à l'acoustique parfaite et aux proportions harmonieuses, calculées à partir du fameux nombre d'or
A Athènes, nous pensions nous reposer
mais, dans une grande ville, on marche
tout le temps!...
Chronique
 
Cela aurait pu s’appeler "chronique.....non-rencontre". Et pourtant... C'est vrai, je le confesse, je ne sais pas vraiment rencontrer les villes, les grandes villes ; du moins pas encore. Car, dites-moi, comment saisir la singularité, l’âme d’une capitale en quelques jours ? Toutes me paraissent si semblables ! Peut-être, à l’image des enseignes géantes qui vous apostrophent à longueur de rue - Benetton, Cartier, Marks & Spencer - se définissent-elles par leur cosmopolitisme, composant un melting-pot, un patchwork aux multiples couleurs dont il faudrait patiemment déchiffrer les nuances ?
Pourtant, mêmes bâtiments officiels, mêmes banques, mêmes parfums de misère et d’opulence mêlées, mêmes dédales de ruelles - au charme réel d’ailleurs...
 
Le Parthénon
Soleil couchant sur Athènes,
depuis la colline de Lycabette.
Dans le musée de l'Acropole,
nous avons beaucoup aimé cette
statue, le Moschopore (570 av. JC),
qui représente un paysan avec
un veau sur le dos.
Bien sur, ici, sur la colline, le sacré-cœur a fait place à l’Acropole, et chacun, dans sa mémoire, aura le souvenir d’une terrasse de café selon son cœur. A Rome, ou bien a Mexico... Athènes, peut-être ?
Resterait à rencontrer les Athéniens. Mais la grande ville est anonyme. Peut-être suffirait-il d’engager, avec l’un d’entre-eux, un seul échange pour tout comprendre ? Des paroles toutes simples, de ces paroles qui ne peuvent naître, comme le chantait Léo Ferré, "qu’à certaines heures pâles de la nuit" ?... Las, je suis plutôt du jour !
Ça ne fait rien, je te remercie, Athènes. Avec toi, je crois avoir appris et changé. N’est-ce pas l’essentiel ?
 
Et puis, bien d’autres villes nous attendent. Je leur parlerai de toi : de la colline du Lycabette, d’où le regard peut embrasser l’Acropole, la mer et la ville entière, s’offrant au soleil couchant, ou de Plaka, labyrinthe ponctué d’églises byzantines qui fait le bonheur des piétons...
 
Vois, je te connais déjà mieux. Allez, rendez-vous au Caire, à Tunis... ou Lisbonne !

Impressions
 
Mais où sont donc passés les peurs et les doutes qui accompagnaient la préparation de ce voyage? Ne pas avoir de salle de bain, de cuisine, de confort. Être dans un pays dont on ne connaît pas la langue, être loin de la famille et des amis; et ce vélo lourdement chargé...
Serai-je capable d'être nomade pendant 10 mois ? Eh bien, toutes ces peurs et tous ces doutes ont pris le chemin du retour, bien avant nous, heureusement. La richesse de ce voyage me fait facilement oublier ces petits désagréments. Et pour tout vous dire, je serais même un peu fière de moi !

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