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Carnet 5 :

7 Octobre 1998 : Les trois saisons du Péloponnèse.
Tandis que certaines feuilles se teintaient de rouge, marquant ainsi l'entrée dans l'automne, notre traversée du Peloponnèse s'est faite sous une chaleur - pour nous - encore pleinement estivale, et malgré quelques ciels chargés, un soleil généreux a continué de nous accompagner jour après jour, facilitant notre vie au grand air.
En chemin, une autre saison s'est dessinée, un printemps de fruits qui fait dorer l'un après l'autre oranges, mandarines et citrons verts, et donne aux olives la couleur mauve qu'elles auront dans les assiettes de salade Grecque. Un régal pour les yeux... qui vous met l'eau à la bouche !
Les orangers d'Arcadie.

Ayant laissé la mer derrière nous, nous voici devant les premiers contreforts montagnards (route de Kalamata).

Sur le cahier de bord :
- Le trajet :
Modification de l'itinéraire initialement prévu en partie du fait du débarquement à Githio et non à Monemvassia. Envie, également de "tenter" une route de montagne décrite comme magnifique, et qui tiendra toutes ses promesses : Githio, Aréopoli, Kalamata, Sparte (Mystra), Léonidio, Nauplie.
 
- Les étapes :
850 kilomètres au compteur. Etapes de montagne de 30 à 35 km
(maximum : 71 km).
Partis de Kalamata au niveau de la mer, nous avons traversé en deux jours la chaîne des monts Taygète ( col à 1400 m ).
N.B. : lors des ascensions, notre vitesse ne dépasse pas 6 km/h.
- Le physique et le moral :
Début de tendinite au genou pour Véronique, soins intensifs, état stationnaire.
Côté moral : nous apprenons à être des voyageurs, tels que les décrivait Nicolas Bouvier "On ne fait pas un voyage, c'est le voyage qui vous fait (...)". Une expérience vraiment passionnante !
Difficultés cependant, pour Véronique, dans son travail de photographe: elle doit se "contenter" d'être une cycliste qui prend des photos.
 
- Une rencontre :
Vendredi 2 octobre au matin, troisième jour de montagne. Quelques kilomètres après le départ, sur les hauteurs d'Arthémisia, nous nous arrêtons le temps d'une photo. Un "papy" nous croise alors, et vient nous offrir spontanément deux grosses poignées de châtaignes qu'il vient de ramasser... Chapeau bas !
Un geste tout simple et pourtant
tellement précieux.

Un abri pour la nuit...

- La météo :
Soleil , encore et toujours : 28°C à 30 °C. Nous avons "essuyé" notre première et unique pluie, à ce jour, à Ithilo : une pluie d'orage torrentielle qui nous a obligés à rebrousser chemin quelques kilomètres après le départ...
 
- Le matériel :
Une crevaison ( et de deux pour Véronique... ).
 
- La vie au quotidien :
Après cinq semaines de voyage, nous avons expérimenté de nombreux modes d'hébergement, dont certains furent insolites. Jugez plutôt : camping, auberge de jeunesse, chambre chez l'habitant, pension
(petit hôtel), pleine montagne, terrain d'une maison en construction, cour d'école primaire, porche d'entrée d'une chapelle ( nuit à la belle étoile en attendant le bateau pour le Péloponnèse ), alentours de l'église d'un petit village de montagne et d'un monastère crétois...
Chronique :
 
Tel Zeus aux deux visages, la terre des dieux de l'Olympe nous est apparue riche de contrastes, tout à la fois rude et généreuse.
La puissance des éléments domine d'abord ; âpres paysages montagnards rehaussés par les verticales des cyprès, où un vent violent s'engouffre parfois avant de disparaître en un instant. Viennent ensuite un silence, une retenue, presque un mystère. Ceux d'hommes façonnés par des conditions de vie où la nature n'est jamais bien loin. Ce sont des gestes, enfin, des sourires et des moments de générosité que nous garderons de notre passage en Laconie.
Saluts amicaux de tous ceux que nous croisons sur la route ; jamais d'hostilité. Sourire de Christina, notre logeuse d'un soir, nous embrassant prestement alors que nous lui avons simplement permis, en réglant notre chambre, de rendre la monnaie à d'autres locataires. Rencontre avec Stella et Dimitri qui nous offrirent d'utiliser leur salle de bain avant de nous inviter à dîner avec eux. Une belle leçon d'hospitalité.
Le monastère d'Elonas,
accroché au flanc de la montagne.
Il est 9 heures, le chant du pope
rebondit de paroi en paroi... Magique !

Fresques du monastère de Peribleptos, sur le site de Mystra (1350 ap. JC)

Impressions :
 
Un mois que nous avons quitté la France et elle nous semble déjà bien loin. Serait-ce parce que notre vie française au quotidien ne ressemble en rien à celle qui est la nôtre, ici ? Pourtant, en apparence rien d’extraordinaire dans nos journées. Un réveil matinal vers 7h après lequel vont s’enchaîner le petit-déjeuner, la toilette, le démontage de la tente, le chargement des sacoches et la séance d’étirements. A 9h, nous voilà fin prêts pour l’étape du jour. La pause déjeuner se fait généralement vers 13h, avec parfois une sieste à la clé. L’après-midi, après avoir bouclé l’étape du jour, la principale mission est de trouver de l’eau et un coin pour planter la tente ; un moment délicat, surtout lorsque la fatigue est là, mais également la meilleure des occasions pour de nouvelles rencontres. Une fois la mission accomplie, se succéderont alors étirements, toilette, montage de la tente, lessive, dîner. Aucun jour ne ressemble à un autre. Paysages, rencontres, lieux pour dormir, tout change. Et ces variations font notre voyage, pour notre plus grand bonheur !
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