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Carnet 16 :

Espagne : Castille, Andalousie
Dans un regard, toute la course du soleil ( 15 - 27 mai )
Les lauriers ont fleuri.
 
Les lauriers-roses d’Héraklion ont fleuri en Andalousie.
" Heureux, qui , comme Ulysse… " : en quelque dix étapes d’une grande densité, nous avons fait le chemin à l’envers, et retrouvé les visages de ciels, d’arbres et de pierre qui ont fait les jours de notre voyage. Dix mois de lumière, d’ombres, d’instants de grâce et de moments de doutes ; dix mois riches d’étonnements, de liberté aiguë et de fatigue intense. Dix mois au cours desquels nous avons été exposés en pleine vie – touchés en plein cœur.
Dans cet ouest de la Méditerranée, où le soleil retient sa course avant de plonger vers l’Atlantique, se sont trouvés réunis les points cardinaux de notre rose des vents.
Pour un rendez-vous d’adieu, un dernier regard, où l’on embrasse l’horizon tout entier… avant de partir.
Blanche de Castille.
Ravitaillement en eau à San-Miguel
(vallée du Guadalquivir).

Aux sources du Guadalquivir.

L'olivier :
notre compagnon de route.
La Crète, elle, avait jeté l’encre de ses couleurs sur les hauts plateaux de Castille ; voûte bleu azur inondant de lumière des versants tapissés d’oliviers. C’est là que les vents puissants de Tunisie choisirent de réapparaître pour une ultime confrontation.
Avec la Sierra du Segura, la montagne – Péloponnèse ! Troodos ! – reprit ses droits : étapes difficiles et météo incertaine, telles furent une nouvelle fois les conditions pour accéder à une nature préservée, où les écureuils courent devant vous sous des guirlandes de mésanges surgies d’entre les pins.
Quant à la vallée du Guadalquivir, elle raviva le souvenir des côtes de Chypre, en lançant sous nos roues une piste caillouteuse écrasée de soleil.
Mezquita (mosquée) de Cordoue :
la cour aux orangers.
 

Au matin du dixième jour, nous avons touché Cordoue. Califat musulman à la " plaza de toros ", parée d’une mezquita au cœur de cathédrale : une ville tissée – métissée – par les deux rives de la Méditerranée. Une ville symbole : pour la première fois dans notre voyage, l’inachevé d’une quête s’accordait sereinement avec la plénitude du mot " fin ". Oui, Cordoue l’Andalouse nous disait que la boucle était bouclée, que nous pouvions rentrer. Et que les jours absents du mois de Juin étaient là, eux aussi, pour témoigner de ces chemins qui vous orientent et vous guident alors même que vous ne les emprunterez pas.

Rentrer ; nous étions fatigués, heureux…

Un autre voyage peut désormais commencer.

L’itinéraire :
 
Castilla-la-Mancha : Albacete, Ayna, Yeste (Sierra de Alcaraz, puis Sierra du Segura)
Andalucia : Hornos (vallée du Guadalquivir), Mogon, Jodar, Jaen, Cordoba.
 
Les étapes : Nantes, 7 septembre 98 – Nantes, 7 juin 99,
7000 km et des poussières à notre compteur. " Un peu plus " si l’on y ajoute les trajets en avion, bateau, train, bus, taxi collectif, camionnette pick-up…
 
La météo : fort contraste entre la sierra (vents d’ouest et températures de 14 à 22°c) et la vallée du Guadalquivir (22°c à 8h du matin, puis 30 à 33°c de 10h… à 22h)
 
Le matériel : un élément d’arceau de la tente cassé (cette fois-ci nous avions des pièces de rechange…)
 
Côté finances : monnaie : la pesetas. 100 PTE = 3,95 FF.
Un pain = 50 PTE,
un hébergement en camping pour 2 personnes = 1000 à 2000 PTE
 
Yeste, dans la Sierra de Alcarez.
 

Le rêve andalou :

A Cordoue, le spectacle est dans la rue ; la rue de Mai, où les Andalouses en robe flamenco défilent d’un bon pas : elles vont prendre le bus qui mène à la féria. Chantent et tapent dans leurs mains. Et les castagnettes en écho font claquer leurs sabots…

Soudain le silence se fait… et les éventails repoussent d’un coup d’aile la chaleur-taureau qui pointait ses cornes d’un peu trop près… Olé !

 

 

Dans la vieille ville de Cordoue.

Rencontre :
 
Notre rencontre est déjà lointaine. C’était à Rhodes, en Novembre dernier. Rhodes, escale obligée entre Santorin et Chypre pour nous, la Turquie pour vous. Vous voyagiez à pied, mais nos vélos, garés dans cette auberge de jeunesse où nous étions descendus tous les quatre, vous avaient attirés.
Aux premières paroles échangées, nous avions compris que nos voyages et nos rêves marchaient d’un même pas. Les liens semblaient déjà tissés ; il suffisait de les placer dans la lumière d’une parole pour les reconnaître – et s’y réchauffer. La nuit était belle, et ce soir-là, au pied des étoiles, Québec et Bretagne eurent les mêmes accents…
Six mois ont passé. Mais en ce jour d’étrange fête où le voyage prenait fin, dans la boîte à lettres de Cordoue, il y avait votre message… Et ce fut comme si la parole d’amitié n’avait jamais cessé d’être et de résonner par-delà les distances.
Chers Julie et Patrick, à Saint Honoré comme à Amqui, vous nous demeurez proches, très proches. Amis.
 
Petit déjeuner nature.
Le voyage est fini...
vive le voyage !
  Pour vous :

Au moment de refermer ces carnets de voyage, nous voulons très sincèrement vous remercier, vous tous qui, répondant à notre invitation, avez suivi notre aventure. Lisant ces pages mois après mois, vous nous avez aidés à passer les moments difficiles ; nous vous savions en attente de nos nouvelles, nous vous savions présents. Et c’est beaucoup.

Puissent nos mots et nos images vous avoir fait goûter quelques couleurs de Méditerranée, fait partager le bonheur de nos rencontres.

Puissent-ils enfin avoir convaincu ceux qui en doutaient encore : du rêve à la réalité, il n’y a qu’un pas - nommé envie.

Merci.

Véronique et Karl

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