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Carnet 15 :

Sud-Est de la France (21 avril / 14 mai ) :
Un déjeuner sur l'herbe à la croisée des chemins
Le temps s’était mis au gris ; les averses succédaient aux averses, et pour un peu, on se serait pris à douter de la lumière provençale…
Dans ce clair-obscur, le silence des collines de l’arrière-pays s’est alors lentement teinté de gravité : nous avons dû apprendre à quel point il est difficile d’être voyageur en son propre pays.
Pour tout dire, nous étions à la croisée des chemins. Mais les petites routes que nous avons suivies ont su donner le meilleur d’elles-mêmes, faisant de cette découverte de la Provence une sorte de déjeuner sur l’herbe, une table gourmande qui ne pouvait que séduire deux amoureux de la nature.
Sous nos pas, une dentelle finement brodée de jaunes et de mauves délicats – éclaboussée ça et là de rouge coquelicot. Dans l’air, des senteurs de pin, de thym, de romarin…
Un déjeuner sur l'herbe...
Les iris.
A nos cotés, des rivières qui filent, s’envolent et virevoltent, des gorges du Loup à la vallée de la Nesque.
Et pour veiller sur ces sauvageonnes, quelques bergers de pierre : Lubéron, aux pieds couverts de cerises, Ventoux, aux crêtes arides qui ferment l’horizon ; Alpilles, enfin, que nous dûmes franchir à travers un ultime rideau de brume avant que ne s’ouvrent les portes de la Camargue ensoleillée.
Main ouverte du fleuve sur des jeux d’eau infinis. Domaine des magiciens et des dompteurs. Hérons et taureaux ; chevaux, flamants.
Qui sait si ce n’est pas précisément l’envol de quelques roses de plumes et d’air, cueillies par le souffle chaud des marais, qui décida de notre route ? Ce n’est en effet qu’ici, aux Saintes-Maries-de-la-mer, et face à la Méditerranée, venue une dernière fois à notre rencontre, que nous avons su dire : le voyage continue !
El toro.
 
Sur la route des
Saintes-Marie-de-la-mer.
Crins blancs
Sur le cahier de bord :
 
L’itinéraire :
 
Alpes-Maritimes : Menton, Nice, St Paul-de-Vence, Grasse.
Var : Draguignan, Salerne, Rians.
Vaucluse : La Tour d’Aigues (La Bastidonne), Apt, Sault, Avignon.
Bouches-du-Rhône : St Rémy-de-Provence, Arles, Stes Maries-de-la-mer.
Bus pour l’Espagne à Montpellier.
Merci à Michel, Corinne, Jean-Jack et Chantal qui ont facilité notre route.
Bretagne, Provence : des liens se sont tissés… auxquels nous tenons.
 
Les étapes :
 
6455 kms au compteur. Etapes d’environ 50 km, sans difficultés particulières. Nous avons passé trois jours à la Tour-d’Aigues et cinq près de Sault, où nous avons retrouvé pour 48 heures, Rudy (le frère de Karl) et son amie Françoise, venus de Nantes pour nous voir.
 
La météo :
 
Plutôt grise, températures autour de 20°C, excepté en Camargue (26°C).
Sur le pont d'Avignon.
 
Provence blues
(Lourmarin, au pied du Lubéron)
 
Montures camarguaises.
Le matériel :
 
La venue de nos proches nous a permis de nous délester de tous nos vêtements d’hiver. regroupant tous nos bagages à l’arrière des vélos, nous avons enlevé sacoches et porte-bagages avant : un gain de poids appréciable !
Vélos : une crevaison pour Karl. Changement des patins de frein et remplacement de la jante arrière du vélo de Karl qui s’était fissurée.
Tente : Sur un des arceaux, un élément est fendu. A surveiller…
 
Côté finances :
Monnaie : le franc français, divisé en centimes.
Prix d’une baguette : 3,80FF. Un hébergement en camping (pour 2) : de 30 à 72 FF.
Départementale 11, carrefour des trois Provences :
 
Oh, ce n’est pas la Nationale 7. Elle, c’est une modeste ; à peine quelques kilomètres qui courent sur trois départements. Elle vous accueille aux frontières du Var, toutes fenêtres ouvertes sur le Lubéron. Puis serpente, paisible, jusqu’aux collines rugueuses des Bouches-du-Rhône. Un berger menant son troupeau vous y salue ; n’est-ce pas Manon des Sources qui court là-haut, dans la garrigue ?
 
Enfin, la voyageuse vous dépose au pied de la Durance, autre navire pour d’autres paysages. Vraiment, la D11, une route peu commune.
Aurel, près de Sault :
le pays de Giono.
Rencontres :
 
En récréation avec les enfants d’Ulysse :
Les premiers, élèves de CM2 à Avignon, avaient embarqué avec nous dès le mois de Septembre. Partis en classe-nature au pays de Giono, ils nous ont offert des moments de vie en collectivité riches d’échanges et de spontanéité. Les seconds, élèves de cycle III du petit village de La Bastidonne, nous avaient rejoints sur Internet à Noël. Avec eux, nous avons sillonné à vélo, tout un après-midi, les petites routes insoupçonnées du Lubéron.
Merci à tous de nous avoir fait entrer dans la ronde !
En classe-nature, tout le monde met
la main à la pâte ( CM2, Avignon).
A la Bastidonne, l'école, ça roule !
Patrick, ou la générosité au naturel :
 
Il a le regard clair de ceux qui savent encore s’étonner, et un humour précieux qui vient à bout de toutes les fatigues. Pourquoi a-t-il pris sur ses congés pour accompagner, cinq jours durant, la classe-nature de son fils et de ses camarades ? " Peut-être que je me sens concerné… ! "
Pour sûr, il l’est, concerné. Car cet homme-là sait donner. Sa gaieté d’abord, et sa douceur. Et puis son temps – sans compter. Allez donc préparer des grillades au feu de bois pour cinquante personnes ! Quant à nos doutes sur la poursuite du voyage, sa réponse, pleine de bon sens méditerranéen, a fait mouche :
"ça serait couillon de ne pas aller au bout… ". Message reçu, Patrick !

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