- Bien
quayant - provisoirement - délaissé le
sillage dUlysse pour
- entrer dans
les pas de Moïse, notre fil dAriane est
toutefois demeuré maritime, tant au sud
dIsraël que dans le Sinaï égyptien. En
effet, dévalant les collines de Judée depuis
les hauteurs de Jérusalem, nous avons tout
dabord longé les eaux salines de la mer
Morte - point le plus à l'est de notre périple
- avant datteindre, dix jours plus tard,
les rives du golfe dAquaba et les eaux
coralliennes de la mer Rouge.
- Cependant,
durant ces deux semaines, cest le désert
qui aura le plus fortement marqué notre mémoire
et notre coeur, y imprimant chaque jour davantage
son empreinte de pierre, de sable et de lumière.
- Curieusement,
tout sest passé comme si, au rythme lent
de nos vélos, nous avions à accomplir,
lune après lautre, les étapes
dune sorte de parcours initiatique. Il
fallut dabord se laisser envelopper par
latmosphère blanche des abords de la
"Mer du sel" avant deffectuer la
lente remontée jusquà laltitude
"zéro" et la conquête des premières
hauteurs du Néguev.
- De Mitzpe
Ramon vint ensuite le premier grand choc,
lorsque, dominant de 400 m limmense
cratère géologique du Maktesh Ramon, la ville
nous offrit le spectacle de trois couleurs
minérales - ocre, noir, rouge -
séclairant lune lautre à
perte de vue.
- Redescendus
au niveau de la mer, nous sommes restés
plusieurs jours au pied des murailles massives du
Sinaï avant de pénétrer au coeur de la
montagne. Cétait le 23 décembre, une date
que nous noublierons pas.
- Nous étions
au départ de la route conduisant au mont Moïse,
quand, au sortir dun long défilé rocheux,
apparut brusquement le champ ouvert et lumineux
du Wadi Ghazala. Un paysage docre et de
bleu qui nous fit éprouver cette rare et
vertigineuse sensation dun monde où tout
ne serait "quordre et beauté".
Sensation de plénitude à laquelle le soleil
couchant répondit, ce soir-là, par une vibrante
invitation... au silence.